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le journal d'une remplaçante

le journal d'une remplaçante
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20 mai 2007

Evaluations

Dans l'enseignement, il y a une phase qu'on appelle évaluation, le truc qui permet d'avoir une note à mettre sur le bulletin.

Trois classes, trois évaluations, tout est fini!
Quand j'étais encore du côté élève, je trouvais que c'était facile pour le prof de faire des devoirs sur table: il avait la paix, il glandait pendant deux heures, il faisait autre chose. Bref rien de bien compliqué. Oui et bien maintenant, je vois l'évaluation comme la chose la plus chiante qui puisse être. S'asseoir et attendre que ça se passe...

Trouver les sujets n'a pas été bien compliqué, j'ai été chercher des sujets donnés les années précédentes, et comme il n'existe pas d'annales pour les filières dans lesquelles j'enseigne, je sais que mes élèves ne les connaissent pas.
Deuxième étape: photocopier. Qu'est-ce que c'est dur d'utiliser ce genre de machine! Je me plante une fois sur deux: pas dans le cadre, de travers, à l'envers, pas le bon prototype. Et les élèves, ça pardonne pas ce type d'erreurs: "c'est à la mode depuis quand de photocopier en biais?" l'un d'entre eux m'a fait, "depuis que j'ai appris que ça allait te faire parler", lui ai-je répondu. Ne pas se laisser marcher dessus...

Jeudi 10, 8h du mat', 3h de devoir sur table avec les 1ères STAV. Ca souffle de tous les côtés, "Madame on est obligé de faire?", on trouve les textes trop longs, trop compliqués, trop chiants. De toute manière, jamais rien ne leur conviendra. Taisez-vous et laissez moi me rendormir! Au bout de une heure et demi, je me rends compte que j'ai oublié mon sac à main dans la salle des profs. Je me lève, je sors en leur disant: "je reviens tout de suite, je veux pas de bruit, vous ne communiquez pas entre vous", pfff tu parles! je reviens avec mon sac, je suis morte de rire et eux aussi... Au bout de deux heures, certains ont déjà fini, ils veulent sortir. Pourtant je les ai bien prévenus qu'ils ne pourraient pas sortir avant les 3h, puisque nous sommes sur une heure de cours et que je suis responsable d'eux. Ils cherchent encore à négocier, mais j'ai dit non une fois, ça sera non la deuxième fois. Un peu comme le traiteur intraitable... (je me souviens plus de son nom)
A la troizième heure, un collègue vient me remplacer, j'ai cours avec les S2. Je lui transmets les consignes, en lui disant que maintenant qu'il en est responsable, il peut les faire sortir s'il le souhaite. Ce qui ne se fera pas!

13h20, 2h30 de devoir sur table avec mes prod. Enfin ça n'a pas l'air franchement de les emballer... Je sais plus quoi faire avec cette classe.
P. a passé son temps à me poser des questions sur ma vie privée. J'ai essayé de négocier en lui disant que je répondrai à tout ce qu'il veut, après qu'il aura convenablement fait son devoir. Ca a l'air de le motiver sur le coup, et en fait non... Zut!
Je sors malheureusement mon portable de ma poche, pour voir le temps qu'il leur reste. M. voit la merveilleuse nouveauté de mon appareil: "M'dame, vous avez le bluetooth?" "le blue quoi?" "attendez je cherche votre portable avec le mien" Hein? quoi? comment ça il cherche mon portable avec le sien??? Et là, commence mon instruction sur les nouvelles technologies... Je le rappelle, nous sommes toujours en devoir... Au final, je récolte une sonnerie débile sur mon téléphone, j'échappe aux photos et vidéos obscènes. "Mais euh, vous ne pouvez pas obtenir mon numéro comme ça avec le bluetooth?" Non non... Ouf!
Et ça n'en finit pas... Au bout de deux heures, je décide de les laisser partir, j'en peux plus, je peux rien tirer d'eux. J'ai presque des copies blanches, ça me fera ça en moins à corriger!

Mardi 15, devoir avec les S2. Ils ont du mal à se mettre au travail, mais ils y arrivent... La plus neuneu de la classe n'est pas là (ce n'est pas moi qui le dit, ce sont mes collègues), dommage pour elle, ça lui aurait pas un entrainement pour l'exam de fin d'année, elle en a besoin. Au bout d'une heure, certains me demandent à sortir, pourtant c'est la même consigne qu'avec les autres: NON.
Au bout de deux heures, je les laisse sortir pour que ceux qui n'ont pas fini puissent le faire dans le silence. Ca faisait une heure qu'ils me suppliaient de sortir, maintenant que je les y autorise, ils me regardent et me disent: "ben oui, mais on n'a rien à faire dehors" Bande de...
Z., le petit caïd de la classe, vient me voir à mon bureau avec son petit accent: "M'dame, j'espère que je vais avoir la moyenne", "Z. tu auras la note qui correspondra au travail que tu as fourni", "non non, mais j'espère qu'on s'est bien compris et que je vais avoir une bonne note", je me répète, il se répète. Là je le prends entre quatre yeux: "t'essayes de m'impressioner là ? parce que tu es plutôt ridicule tu sais, et tu me donnes même une raison de te mettre une sale note!" "Le prenez pas comme ça m'dame, je rigole" "et bien, j'espère, maintenant tu sors et tu vas faire mumuse avec tes petits copains" Calmé le p'tit Z., il croit que parce qu'il possède un faciès sémite, il peut se la jouer ptit con de banlieue. Faut pas abuser, on est dans un lycée agricole, lui en bepa secrétariat et il croit me faire peur, pauvre ado...
Quelques minutes après, ils sont dans le couloir, je les prie d'aller dehors discuter parce qu'on les entend trop dans la salle. Pas de bol, ils ont envie de discuter... L'un d'eux, Y., lâche le truc qu'il fallait pas: il sait que ma nièce est dans le lycée, et Ô comme par miracle, ils la connaissent tous. En effet, une brune aux yeux bleus, légèrement pétasse, allumeuse, etc. (c'est de son âge), ça ne passe pas inaperçu! Forcément ils me disent qu'ils sont tous sortis avec, je leur dis qu'avec leurs têtes, ça ne risque pas! Oui, à des moments, il faut être cruel... Mais bizarrement, plus je suis méchante, plus ils aiment, au moins une qualité qu'ils ont et que tout le monde n'a pas: l'humour.

Maintenant il ne me reste plus qu'à corriger... Il me reste deux jours pour corriger 25 copies entières et la moitié de 22 autres. C'est chiant aussi de corriger... Je ne sais pas si je suis trop gentille, trop exigente dans ma notation. Dur dur d'être objective en +.
Oui, j'avoue, je note en fonction des attitudes en classe, et pas seulement des réponses. Quoique bien souvent, l'attitude et la production écrite coïncident...

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8 mai 2007

Money money money...

Être prof, ça sert à quoi ? enfin ça me sert à quoi?

A la base, c'était censé me donner ma première expérience dont j'avais absolument besoin pour la suite. Argument dont j'ai usé pour me faire embaucher...
Mais être prof, ça me permet aussi de renflouer mon compte en banque, qui, depuis quelques temps, connaissait un peu trop le négatif.

D'ailleurs, vous noterez que c'est toujours à ce moment-là que les dépenses sont les plus répandues, comme si le négatif appellait le négatif...

Et bien, depuis quelques jours, mon banquier est heureux! Dix-huit heures enseignées m'ont fait gagné 515€! Bon 18h, comme ça, ça fait pas beaucoup, mais j'ai quand même du passer une trentaine d'heures par semaine à préparer mes cours...
Mais si je compare à mes autres boulots, où je trime 39 heures multipliées par 4 semaines pour la modique somme de 1100€ par mois, je m'estime sincèrement heureuse!

Premier achat ? Changement de téléphone portable.

Merci le Ministère de l'Agriculture :*

1 mai 2007

Le prof mâle

Tentons de dresser les différents portraits du professeur masculin, les femmes étant intéressantes bien sûr, mais l'homme prédateur l'étant bien plus...

Il paraît que le nombre de couples d'enseignants se rencontrant sur leur lieu de travail est impressionnant. Je crois qu'on pourrait faire exploser les scores si l'on prenait en compte le simple nombre de relations dite privées.
Celui ou celle qui n'arrive pas à "choper" sur son lieu de travail est soit aveugle, soit dépressif.

Alors oui, j'avoue, je trouve la salle des profs terriblement imprégnée d'hormones sexuelles, de libido débordante, de sous-entendus lubriques... Bref vous l'aurez compris, c'est chaud chez les profs!

D'abord on trouve le beau gosse! jeune, grand, baraqué, intelligent, celui qui doit faire fondre ses élèves... Celui qui, mon premier jour, est entré dans cette salle, m'a regardé rapidement d'abord, puis intensément, me décryptant physiquement. Celui qui s'est arrangé pour que je lui sois présentée. Première impression personnelle: je vais bien m'amuser! Beaucoup moins amusée quand j'ai discuté avec des collègues féminines le midi et que j'ai compris que l'une d'elles était sa nana. Il était là à ce moment, il a ri jaune... Salaud :)
De toute manière, c'est pas mon genre!

Ensuite, on a le presque retraité à l'esprit lubrique, celui qui fait des blagues dégoutantes pour faire rougir la petite nouvelle que je suis et de s'en vanter. C'est gentil, mais gênant... Impression: se répéter "j'ai beaucoup d'humour, j'ai beaucoup d'humour, ..."

On trouve aussi le con, voire le gros con! Celui qui méprise les nouvelles de mon genre... Forcément, c'est à lui que j'ai besoin de demander un service! "Est-ce que je pourrai vous prendre une heure pour faire une épreuve blanche à mes élèves?" "ah ben, ma ptite demoiselle, ça va pas être possible ça! faut m'envoyer un fax pour ce genre de chose! ah nan mais je vous jure, alala les jeunes, vous vous croyez tout permis de nos jours!" "bon et alors c'est oui ou c'est non ?" "ben évidemment que c'est oui!" Elle doit être satisfaite ta femme, tiens...

Enfin le bientôt dépressif! Celui qui est bien content d'être au boulot plutot qu'avec sa femme! Ce qui compte le plus pour lui en dehors de son boulot? "le sport et ses enfants!" "Mais, et ta femme ?" "euh ben ma femme, non..." j'ai bien compris qu'il était prêt à la troquer contre une autre! Une autre, plus jeune et pas pressée d'avoir des gosses, parce qu'une femme ayant des enfants, c'est pénible et pas très amoureuse... Ok, donc toi, tu es open...

Voilà en 15 jours, le peu que j'ai pu remarquer! Je complèterai au fur et à mesure...

1 mai 2007

l'après-guerre

Ce jeudi m'a permis de me rendre compte d'une chose plutôt agréable: le soutien entre collègues.

Mes S2 m'ayant bien pris la tête mardi, je m'étais confiée à quelques autres profs, et sans que je ne demande rien, ils m'ont tous soutenue face à cette classe. Ce qui fait que jeudi matin, j'avais devant moi un groupe de petits agneaux, vraiment pathétique, mais tellement silencieux. "Bonjour Madame", "vous allez bien Madame", "au revoir Madame". Quand je vous dis pathétique, je trouve en fait le mot faible... Bref mon cours sur le théâtre a enfin pu être achevé, avec comme dernier chapitre la comédie, même si je voulais leur présenter rapidement le drame romantique, pour qu'ils acquièrent un minimum de culture littéraire. On passera sur ça, d'abord on n'a plus le temps!
Culture littéraire donc... Bien plus près du degré zéro qu'on ne peut le croire. Oui, parce que comédie, pour eux, rime avec Jamel Debouzze, et s'ils remontent dans le temps, le 1er comédien qu'ils puissent connaitre est un dénommé Louis de Funès. Molière ? connait pas...
Ne pas se moquer... respirer... et tenter de faire un lien entre le cours et leurs maigres connaissances! "Oui, A., tu as raison quelque part: le comique de mots, Jamel en use, et ça ne serait pas faux si tu disais qu'il a pu s'inspirer de cette manière sur Molière!" J'ai honte... Mais ça lui fait plaisir!

Mes 1ère STAV, à 8h ça dort et moi aussi! le plus dur pour moi, c'est de surmonter le fait que je n'aime pas parler le matin, et de surcroît, parler avec le sourire sans avoir l'impression que je veux bouffer mon interlocuteur (ceux qui me connaissent au saut du lit doivent sûrement voir de quoi je parle)... "Aujourd'hui, nous allons étudier le discours à un public", ça a l'air de les ravir! Allez, sans prétention, je pense pouvoir dire que les quelques nigots qui se trouvent près de moi sont amoureux, ce qui aide bien! Je leur donne pleins d'outils pour enrichir leurs productions écrites, pensant premièrement que je ne faisais que redire ce que leur ancienne prof leur avait appris. Et bien non! Ils connaissent figures stylistiques et non figures rhétoriques, ils connaissent le texte argumentatif, mais ne font pas la différence entre l'éloge, le blame, la critique, le plaidoyer et le réquisitoire. Mon argument choc ? "ce n'est pas parce que vous êtes en STAV que vous n'avez pas le droit de maîtriser le vocabulaire littéraire." Mine de rien, qu'on arrête de les prendre pour des cons 5 minutes, ça n'a pas l'air de leur déplaire.

L'aprem, 2 heures avec ma petite troupe de PROD! 2 heures c'est long! Exercice non fait, correction donc débile et inutile de ma part. On tente le petit cours sur le théâtre, ça ne les intéresse pas, surtout qu'ils ont CCF de MAR juste après. Traduction ? CCF c'est une sorte de contrôle continu qui compte pour la validation de leur diplôme, MAR une sorte de biologie uniquement sur les animaux de la ferme. Bref ils révisent pendant que je parle... J'invite P. à venir devant, un peu clown sur les bords, il prend sa table et la colle au tableau. Je lui dis qu'il va finir dehors si ça continue, et que pour revenir dans mon cours il devra présenter ses excuses devant la classe entière. Il trouve rien de mieux à dire que "M'dame, si vous voulez que je vous présente mes excuses, faudra accepter que je vous invite au resto", et là incisive à souhait: "P. tu sais, j'ai passé l'âge de me faire inviter au Mac Do", il adore! Si je me rappelle bien, il a du enchainer sur une invitation en boite où il m'emmènerait dans la cage. Si seulement il savait comme je la connais bien, la cage...
Mon cours s'arrête une demi heure avant la fin. Je leur propose de réviser tranquillement leur MAR pour le temps restant. Ils me regardent tous avec de grands yeux et l'un d'eux me dit: "euh, il est où le piège?" Nul part F., nul part... :)

Un long pont m'attend, mon CRPE en fin de semaine, je ne les revois que dans 15 jours, le pied!

25 avril 2007

C'est le bouquet!

Ce fut un mardi très mouvementé cette journée d'hier! Et le petit être que je suis a du mal à tout encaisser sans rien dire...

9h15, j'arrive au lycée. Toujours prendre de l'avance quand on vise la photocopieuse... Et là heureusement que j'avais prévu le coup puisqu'on était plusieurs à en avoir besoin! Bref je photocopie, je fais mes petits montages avec ciseaux et tube de colle à la main, et je rephotocopie en plusieurs exemplaires. D'ailleurs, ça surprendra peut-être plusieurs personnes, dont moi, mais dans ce lycée, ce sont les élèves qui payent les photocop' à la fin de chaque trimestre. Je trouve que ça n'est pas franchement une bonne idée pour leur donner envie de bosser: j'ai déjà eu plusieurs plaintes de mes élèves, parce qu'il ne fallait pas trop leur en distribuer, mais euh je fais comment pour travailler ? j'écris mes extraits de texte au tableau ?

10h10, je rentre en classe, prête à faire mon cours! Et là, on me supplie "madame, madame, madame, on voudrait vous demander quelque chose: est-ce qu'on pourrait aller en salle d'informatique, on est très en retard pour rendre notre rapport de stage", yeux de chien battu tout autour de moi... Allez pourquoi quoi! Mais euh on fait comment pour aller dans ces salles ? Je vais me renseigner, d'ailleurs la dame des salles info est en fait la mère d'anciennes personnes qui étaient avec moi en classe bilingue, je déniche une salle pour une heure.
11h, on retourne dans la salle, et là ils ne sont vraiment pas décidés à se mettre à travailler. Je leur propose de commencer un cours sur le théâtre, forcément ils ont déjà tout fait, connaissent déjà tout. Les voix montent... Ce qui est dingue avec cette classe, c'est qu'il faut toujours négocier, ça a le don de m'agacer. Alors pour faire bref, j'ai eu le droit à "vous êtes nulle" et à un charmant "allez vous faire foutre". J'ai viré une fille de ma classe, il fallait presque encore négocier pour qu'elle accepte, terrible! Je finis ce cours totalement démoralisée... Je mange en cinq minutes, même pas faim. Mais j'ai mon idée pour cet aprem, et oui il me reste encore une heure avec eux!

13h20, je prends ma classe des 1ères STAV. Ils devaient faire un exercice: préparer une argumentation, donc dégager une problématique, un plan et des arguments. Par principe, je demande qui n'a pas fait, et là hyper surprise, ils sont francs: je vois pleins de doigts se lever. Pas grave, je les comprends, moi aussi ça me saoule ce type d'exercice, je le leur dis et leur propose donc de le faire ensemble. Ils doivent être beaucoup plus matures que les autres, parce qu'ils savent accepter ma souplesse sans en abuser... J'en profite pour leur faire des petites mises au point de vue méthodologiques. Tout roule. J'ai le droit aux petites questions sur ma vie: après la question surfeuse, quelle musique j'écoute et quel âge j'ai. Je les tiens jusqu'au bout de mon cours en leur disant que je leur dirai une fois qu'on aura fini l'exercice. Alors pour info, j'ai eu le droit à une grande tranche d'âge: entre 20 et 30ans!
Une élève avec qui je m'entends très bien, Y., les calme d'un coup en leur disant d'arrêter de s'enflammer parce qu'ils n'ont que 17ans, et que j'en ai 22. Je suis morte de rire... Surtout si elle savait...

14h15, je reprends ma classe du matin. Tout aussi excités, je finis mon cours que j'avais commencé, et je sors les questions que j'avais préparé sur l'heure du repas: DEVOIR. Je lance avec mon ton bien piquant (ceux qui me connaissent savent de quoi je parle): "puisque vous savez déjà tout, on va voir ce que ça donne sur feuille!" Ils sont dégoutés forcément. Ils décident au départ de ne pas le faire, pensant sûrement que j'allais me rétracter, pas de bol je suis très têtue! Et finalement ça plie pour la majorité. Seulement un banc de pissouses me rendent une feuille blanche: 0 pointé!
Salle des profs, je retrouve leur prof principale que j'avais déjà vu le midi et à qui j'avais expliqué le problème. Elle prend mon paquet de copies blanches, et va leur passer un savon. Certaines en ont eu les larmes aux yeux, m'a-t-elle dit. Bref c'est chaud chaud! J'apprends en fait que tous les autres profs ont les mêmes problèmes avec eux, mais bon avec moi ils en profitent un peu plus vu que je suis jeune et nouvelle.

Mes collègues tentent de me réconforter en me disant de prendre du recul, de ne pas prendre personnellement leurs attaques pour moi. Plus facile à dire qu'à faire!

Ils arriveraient presque à me dégouter du métier, surtout pour ce type de contrat où franchement ça vaut pas le coup que je me tracasse et me prenne la tête!
Là où je me dis que le problème ne vient pas de moi, c'est que j'ai deux autres classes avec qui ça se passe très bien. Je ne suis donc pas si nulle!

Vivement les vacances! :D

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20 avril 2007

Un jeudi pas comme les autres...

Le jeudi, c'est cinq heures de cours: 3 le matin, 2 l'après-midi. Ce qui veut dire que le mercredi n'est pas un jour de repos, mais un jour de préparation de cours...

8h, la vache c'est tôt! Ca faisait longtemps que je m'étais pas déplacée dans un établissement à une heure si avancée. A l'université, tout ce qui commençait avant 9h ou 10h passait un peu à la trappe.
Je dois faire des photocopies, j'y vais pour 07h45, on ne sait jamais s'il y a la queue à la photocopieuse...

8h, début de cours donc: deux heures avec mes 1ère STAV, ceux que j'avais détesté mardi. Mais prudente comme je suis, j'avais préparé une arme secrète: après l'appel, je brandis fermement un tas de feuilles, leur expliquant que ceci contient des exercices qui seront donnés à ceux qui perturbent mon cours, notés fermement sur 5 points, et bien sûr le 0 pointé si le travail n'est pas rendu. Du coup, j'ai passé 2 heures formidables: élèves intéressés, qui participent, qui me posent des questions. Parfois certains tentent de s'échapper, hop hop hop je remontre mon petit tas de feuilles précieuses, et ça marche à nouveau.
Mes collègues m'avaient conseillé de ne pas hésiter à menacer, ça m'embêtait de me plier à de telles pratiques, et bien maintenant je dirai: aux oubliettes les beaux principes pédagogiques, vive les vieilles méthodes! :)
Les petites perles qui sont sorties pendant ce cours ? "Madame, vous faites du surf?" "Non, pourquoi?" "A cause de vos lunettes, elles font surfeuse!"

10h, une charmante heure avec mes BEPA services. Une heure horrible en fait! J'essaye d'appliquer la même méthode que pour le cours précédent: ils ont l'air de se moquer d'avoir du travail supplémentaire... Je distribue un exercice à un élève, qui je dois bien l'avouer, ne l'avait pas plus mérité qu'un autre, il a juste mal agi au moment où je n'en pouvais plus, il tente de discuter, je refuse, je veux rester sur ma position sinon je vais me faire bouffer pour le reste de l'année. Malgré ça, 2 élèves me remettent le travail que j'avais donné pour le jour, sans obligation de le rendre, on voit les élèves motivés, j'accepte avec plaisir! Je vais réfléchir au cas de cette classe: je suis sûre qu'il y a moyen de les motiver!

13h30, je rencontre ma dernière classe: les BEPA2 Production (agricole)! Tout le monde m'a dit qu'ils n'étaient pas des lumières, c'est le cas... Mais ils sont sympathiques, marrants, seulement un peu fainéants!
Une classe de dix élèves, avec seulement une fille! Je vous laisse imaginer ce que ça donne!
Entre pêts, rots, insultes, cris, blagues déplacées, je suis heureuse! Dur dur de garder son sérieux avec ce genre de loulous, je suis morte de rire du début à la fin, c'est terrible...
On réussit malgré tout à faire un entraînement sur un sujet d'examen et une étude de texte, ça aurait pu être pire!
Mes petites perles (attention il y en a eu plusieurs!):
- "Pour quelles raisons l'eau est nécessaire?" je demande (exercice d'argumentation), D. me répond avec un accent terrible de paysan "Ben parce qu'avec l'eau, on donne à boire aux chèvres!" Au début je crois qu'il se moque de moi, en fait non... Il  a l'air de vouer un véritable culte aux chèvres!
- "Madame, vous avez quel âge?" "Madame, vous êtes célibataire?" "Madame, vous habitez où?"
- des élèves faisaient les imbéciles dans le couloir, déconcentrant les miens à travers les hublots de la classe. Je me rapproche de la porte pour leur râler dessus, et là, un de mes élèves crie, hurle même: "cours, cours, cours, elle arrive, elle va te manger!" Là je crois que j'aurais pas du mais j'ai ri tellement j'en pouvais plus! Quelques minutes après, les perturbateurs entrent dans ma classe, me demandant un rétroprojecteur, je leur dis qu'il n'y en a pas, que de toute manière ils n'ont pas à en chercher, seul leur prof peut y accéder, ils ressortent. Cinq minutes après, ils reviennent en me disant: "Bonjour! on vous amène le rétroprojecteur que vous avez demandé" et la machine est là... Whouah!
- "est-ce que vous avez bien compris ce qu'on vient de faire?" je leur demande, et là D. apparemment le rigolo de la classe me fait: " vous êtes tellement charmante qu'on ne peut que comprendre avec vous" Ah sacré lover! Là j'ai pas ri, c'était très dur d'ailleurs, mais la limite était dépassée...

Ca parait dans les limites de l'acceptable là, mais finalement lié au travail, tout s'est bien passé. Je les trouve gentils, même s'ils sont dissipés. La semaine prochaine, ça ira mieux!

Fin de semaine enfin! On y retourne mardi...

18 avril 2007

Première journée dans mon rôle de prof

9h, arrivée au lycée.

Dans la salle des profs, on me regarde comme si j'étais une étudiante. Obligée de me justifier: je suis la remplaçante de V., professeur de français. Et là une vague de bienvenue s'abat sur moi, chacun essaye d'entamer la conversation. J'ai du mal à trouver mes repères, vaguement déroutant.
C'est étrange le changement qui peut se produire dans le corps enseignant: avant que je me présente dans cette salle, je sentais des regards méprisants, menacés d'avoir une élève sur leur territoire, et soudain la lumière fut quand je me présentai en tant que prof remplaçante. En deux temps, trois mouvements, je faisais partie du groupe! Et dire que pour certains, ce métier est une passion... On dira qu'ils n'ont pas la passion relationnelle prof-élève.

10h10, je rentre en classe: Bepa Services 2ème année. J'apprends que sur une classe de 24 élèves, je n'en aurai que 6. Quinze sont en exam, un est malade, les deux autres renvoyés pour une semaine. Je souris vaguement en apprenant ça: mais qu'est-ce qu'ils ont fait pour se faire virer? J'apprendrai plus tard par leur prof principale, cherchant à me rassurer, que je n'avais pas à m'inquiéter, qu'ils avaient été sanctionnés pour une faute commise en dehors de la classe. Rassurée ? Non...
Z., le petit rigolo de la classe, me fait: "M'dame,m'dame, vous êtes enceinte?" "Non Z., pourquoi tu me demandes ça?" "Parce que c'est à la mode, M'dame, chez les profs de français!" Le ton est donné! Ah oui, il faut que je précise: leur prof que je remplace a pris un congé maternité.
On se met à travailler; vers 11h je récupère le reste du groupe, on commence un autre travail. Les garçons se sont mis au fond de la classe, il va falloir que je remédie à ça la prochaine fois. Ils profitent de mon inexpérience pour bavarder, me taquiner...

Midi, fin de mes deux premières heures de classe, ouf je suis vivante! Ils ont l'air content. Je retourne en salle des profs, je m'incruste dans un groupe, direction le déjeuner. Ce dernier va se résumer à: "alors ça s'est bien passé?" "Tu as quelles classes ?" "Ah d'accord, tu n'as vraiment pas les plus faciles, beau baptême du feu". Je souris.

13h20: 1ère STAV (science et technologie de l'agronomie et du vivant). Le tableau est décoré d'un "Bienvenue à notre nouveau professeur" "Oh mon dieu, ils ont tué Kenny" "Bande d'enfoirés" et j'en passe, le tout rempli de fautes faites exprès. J'entends des "oh putain, elle est jeune", je les félicite de leur discrétion quant à leurs remarques, ils me disent que c'est fait pour. Ca va être dur. Je leur propose de sortir le travail qu'ils devaient faire pendant les vacances: "Madame on ne savait pas que V. était remplacée, on ne pensait pas avoir français", c'est bien, quelle originalité, je m'y étais préparée. Ce n'est pas grave, on le fait quand même.
L'avantage d'être jeune finalement, c'est de se souvenir assez précisément ce qu'en tant qu'élève, on faisait subir aux remplaçants, les magouilles qu'on mettait en place.
Malgré ça, ils ont été ma pire classe. Ils faisaient ceux qui ne comprenaient rien: "M'dame, attendez, nous on est en 1ère techno", "on comprend pas les mots que vous employez", "vous pouvez aller moins vite"... De vrais enfants! Du coup, la moutarde me montant au nez, j'ai méchamment calmé celui qui jouait avec son portable, l'autre qui se balançait sur sa chaise. Je leur ai promis que jeudi, ça ne se passerait pas comme ça, que je n'hésiterai pas à en faire sortir un de la classe pour montrer de quoi j'étais capable. Silence de 5 minutes. Et c'était reparti! Petits cons...

14h15: de retour avec mes BEPA services. Les pauvres, trois heures de français dans leur journée. Ils n'ont pas du tout envie de travailler, pourtant je leur fais finir le travail du matin. A la fin, je n'ai plus que 5 élèves qui suivent ce que je dis. Pas grave, c'est pas moi qui passe mon exam de français début juin. Râler dans le vide, c'est pas mon truc. J'attrape une conversation en vole: ça parle de tour de poitrine, vive les hormones!

Satisfaction de la fin de la journée: les petites nanas qui avaient vraiment accroché à mon cours m'ont dit que pour ma 1ère expérience, j'assurais vraiment bien, que je savais m'imposer. C'est bête, mais ça m'a fait vraiment plaisir.

Journée finie. Je suis exténuée. Ca ne fait que commencer.

13 avril 2007

Je suis engagée!

J'y suis! J'ai obtenu enfin, après plusieurs recherches, un contrat dans l'enseignement qui me permettrait de me vanter auprès des IUFM d'avoir mon expérience professionnelle, celle qui me permettra de cocher la case qui me rapportera 10 points dans la liste des critères d'admission!!!

Je suis professeur de Français.

Bref descriptif de la chose: 9h par semaine, 3 classes, lycée agricole, professeur en congé maternité, paye misérable, jusqu'à la fin de l'année scolaire.

Engagée mercredi, après 2 heures d'entretien, prise de poste mardi matin. Je suis en plein stress!
Après une heure au téléphone avec la prof que je remplace, je vois un peu plus ce que j'ai à faire, il ne me reste plus qu'à trouver les supports. Je pars en week-end, je ferai donc ça lundi. Oui je sais, c'est tard. Mais j'ai toujours préféré travailler dans l'urgence!
Au pire, je jouerai l'excuse de la débutante qui ne sait pas ce qu'elle doit faire.

Bon l'angoisse pour mes élèves, c'est qu'ils ont tous un exam en juin, dont une épreuve de français: 1ère techno STAV, BEPA2 vente et secrétariat, BEPA2 production. Je sens déjà un amour poussé, que dis-je, une passion immodérée pour la littérature et la langue française...
Je suis prévenue: certains ne sont pas des lumières.

Qui dit lycée agricole dit majorité de garçons, tranche d'âge de mes élèves: 17/18ans. Je n'ai que 22ans. J'espère éviter les mauvaises réflexions, les amoureux transis, les ados nigots. Je rêve, n'est-ce pas?

Finalement, c'est ce que je voulais, je l'ai eu. Depuis que j'annonce à certaines personnes que j'ai obtenu ce poste, on n'arrête pas de me dire: "oh la chance!"
Je vous tiens au courant!

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